La version de votre navigateur est obsolète. Nous vous recommandons vivement d'actualiser votre navigateur vers la dernière version.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Changer d’attitude

 

Une maxime célèbre affirme que nous ne souffrons pas tant des choses elles-mêmes que de notre façon de les considérer. Il n’en reste pas moins que, lorsque quelque chose nous dérange, nous tournons davantage notre attention vers ce qui ne va pas que vers la perception que nous en avons; nous essayons alors plus de régler le problème qu’à changer notre attitude. C’est, là aussi, une question... d’attitude! Mais ça se change.

 

On trouve des gens qui disent ne pas avoir le temps de se reposer parce qu’ils ont trop de choses à faire. D’autres, au contraire, trouvent important de se garder reposés parce qu’ils ont beaucoup à faire. Ils sont habituellement plus heureux que les premiers. Ou à tout le moins plus reposés. Question de quantité de choses à faire ou question d’attitude? Un peu des deux sans doute.

 

Le fait est qu’on a tendance à harmoniser nos croyances, nos émotions et nos comportements en un tout cohérent qu’on appelle attitude.  Une attitude est en quelque sorte une habitude de pensée qui commande un comportement déterminé dans une situation particulière, comportement qui mène à une émotion souhaitable ou en fait disparaître une qui serait non désirable. 

En pratique, devant telle ou telle situation, on se dit que, si on fait ceci, il se passera cela et on se sentira alors bien. En fait, on n’a même pas besoin de se le dire : on obéit à une sorte d’automatisme. 

C’est psychologiquement plus facile, au sens où on n’a pas besoin de passer sa vie à se demander qu’elle serait la bonne façon de penser ou de faire dans chacune des multiples situations que l’on rencontre au jour le jour. Mais, en conséquence, ça limite aux mêmes façons de penser ou d’agir, et ça fait ressentir les mêmes émotions dans les mêmes situations. Or, il peut être très avantageux de changer sa façon de voir, notamment quand on est colérique, anxieux, perfectionniste, susceptible, qu’on prend tout personnel, qu’on a tendance à la culpabilité, qu’on n’a pas confiance en soi, qu’on est incapable de dire non, etc.

Par exemple, il est probable que les gens colériques expliquent leurs colères par ce qui les provoque : je suis en colère parce quetelle chose.Leur colère est ainsi vue comme l’effet d’une cause ce qui, d’un point de vue pratique, les condamnerait à être en colère à chaque fois que la cause sera présente. Ils pensent que c’est normal de se fâcher quand ceci ou cela se produit, comme c’est normal d’avoir les mains mouillées quand on les met dans l’eau. Comme s’ils n’avaient rien à voir là dedans...

S’ils arrivent à penser au contraire qu’il est tout à fait possible de réagir autrement à ce qui provoque leur colère, elle leur apparaît alors comme une réaction parmi d’autres, tout aussi possibles. Il existe en effet d’autres façons de composer avec ce qui déclenche une colère. 

C’est ce que proposent les gens qui travaillent en gestion de la colère : identifier ce qui les provoque, trouver de meilleures façons de composer avec ces sources de frustration et pratiquer de nouvelles façons de répondre. La vigilance sera de mise car, par définition, les automatismes s’imposent facilement. Vigilance par rapport aux anciens automatismes et pratique de ce qui en deviendra tantôt un nouveau. Et patience, il y aura des moments où les anciennes façons de réagir reprendront le dessus. L’idée est de faire des progrès, non d’être parfait.

 

Change d’attitude!

Il est probable que de dire à quelqu’un qui est fâché de changer d’attitude risque de provoquer davantage de colère. Et si on demande à quelqu’un habituellement rigide, à un moment où il est fermé à propos d’une situation, de l’aborder de façon plus souple, on risque là aussi d’augmenter la fermeture. Il peut y avoir ici un effet contraire à celui qu’on souhaite. L’intervention qui avait pour but de modifier l’attitude devient une nouvelle source de frustration qui la consolide, du moins au moment où elle est faite. Il n’est pas impossible de produire l’effet désiré, mais on aura avantage à choisir le moment et la façon d’en parler. 

Une autre difficulté, qui passe le plus souvent inaperçue, est l’effet réflexif des attitudes : les attitudes s’appliquent en effet à elles-mêmes. Et elles transforment ainsi les solutions en nouveaux problèmes. 

Effet réflexif.

Une proposition de changement d’attitude invite habituellement à aller dans le sens contraire de ses réflexes, tout en suggérant fortement que ledit réflexe est inadéquat : on nous fait comprendre que ce serait mieux si on assouplissait notre façon de voir et de réagir, voire si on allait carrément dans le sens contraire.

Ralentis, arrête de te sentir coupable pour rien, aime-toi davantage, sois moins anxieux, sois moins perfectionniste,  ne vois pas tout comme une obligation, voilà autant de sages conseils susceptibles de procurer davantage de bonheur aux gens qui ont les tendances inverses. Elles apparaissent comme des solutions à un problème récurrent.

Par ailleurs, on peut comprendre que ces attitudes, ces tendances automatiques à penser et à agir, s’appliquent à beaucoup de choses. La personne «naturellement» toujours pressée, par exemple, a besoin que les choses se fassent rapidement. Si elle accepte le conseil l’invitant à ralentir, elle voudra le faire ...vite! et tolèrera mal de tomber encore et encore dans son réflexe d’être pressée. Elle finira par se dire que ce n’est pas pour elle. Or, évidemment, il s’agit de prendre son temps pour arriver enfin à mieux prendre son temps, et non pas à se dépêcher à ralentir. Le changement d’attitude est une démarche qui prend du temps.

Les gens qui ne s’aiment pas ont toutes sortes de bonnes raisons pour l’expliquer. Elles se trouvent sans doute inadéquates à plusieurs égards. Quand elles ne se sentent pas à la hauteur, qu’elles font des erreurs ou croient en avoir fait, le réflexe de se détester arrive. Quand on les invite à s’aimer inconditionnellement, on leur propose une démarche à laquelle elles ne sont pas habituées. À la première erreur ou à la première maladresse, le réflexe de se détester reviendra fort probablement. Or, s’il leur vient alors à l’esprit qu’elles ne devraient pas se détester, elles se trouveront inadéquates de ne pas s’aimer, ce qui sera une occasion de se détester. Car ce sera devenu une erreur que de se détester pour une erreur. La solution sera devenue un nouveau problème. L’idée est d’apprendre à s’aimer malgré ses lacunes, non pas de se détester de ne pas s’aimer. Mais les habitudes ont la tête dure...

Ainsi, il y a de fortes chances pour que, invitées à changer, les personnes qui se sentent coupables pour un rien se sentent coupables de se sentir coupables, que les perfectionnistes veuillent devenir parfaitement non perfectionnistes, que les gens anxieux deviennent anxieux d’être anxieux, que les gens compulsifs s’attaquent compulsivement à ne plus l’être, que les gens sérieux prennent très au sérieux de devenir plus cool. 

On aura donc avantage à éviter ce genre de piège. L’objectif est de pratiquer à voir la vie avec la nouvelle attitude, de façon non pas à réussir du premier coup, mais à faire des progrès qui, lentement mais sûrement, vont nous amener à intégrer les nouveaux réflexes que l’on souhaite développer.

 

Des voies de solution

La psychologie reconnaît l’importance de chacune des trois composantes des attitudes et a développé des orientations et des modèles théoriques plus spécifiques concernant chacune. Cela n’empêche évidemment pas les psychothérapeutes de combiner les approches.

L’orientation existentielle-humaniste vise le développement de la personne. Elle s’intéresse plus spécifiquement à la dimension émotionnelle des attitudes. Dans une brochure produite en 2012 par l’Ordre des psychologues du Québec (2), on apprend que le psychothérapeute d’orientation existentielle-humaniste amènera les gens à trouver un sens à leurs émotions et à développer leurs propres solutions. L’exploration des émotions est un élément central de cette approche, mais cela mène à leur trouver un sens, c’est-à-dire à les comprendre, ce qui au total mène à développer des solutions, le plus souvent des actions. On a ici les trois composantes.

L’orientation cognitive-comportementale, comme son nom l’indique, s’intéresse à des changements dans la pensée ou dans les comportements. Dans cette même brochure de l’Ordre des psychologues, on dit que le psychothérapeute qui a adopté cette orientation travaillera avec les gens leurs comportements, leurs habitudes, leurs pensées et leur offrira des stratégies pour les aider à être plus heureux. L’idée ici est que des changements adéquats dans la pensée ou dans les comportements amènent des changements positifs dans la vie émotionnelle. On retrouve aussi les trois composantes.

Les trois composantes étant étroitement liées, tout changement significatif dans l’une ou l’autre produira un ajustement des deux autres. 

 

Le sens des responsabilités

Beaucoup des gens que nous voyons dans nos bureaux ont un sens des responsabilités très poussé, que l’on pourrait nommer hyper-responsabilisation. C’est une attitude, au sens où leurs pensées (ou croyances) concernant leurs responsabilités, leurs comportements et leurs émotions forment un bloc : ils croient qu’ils doivent faire tout ce qu’on leur demande (ou ce qu’ils perçoivent qu’on leur demande) et même davantage, ils s’efforcent de le faire et vivent des émotions négatives (peur des représailles ou de l’humiliation, honte, culpabilité, frustration, perte d’estime de soi, de confiance en soi, etc.) quand ils n’y arrivent pas. 

Comme l’accomplissement de ce qu’ils croyaient avoir à faire dépassait ce qu’ils étaient capables de faire et que leurs craintes de ce qui pourrait arriver engendrait une réaction de stress intense et chronique, ils se sont retrouvés épuisés, en burnout. Pour éviter la récidive, une fois guéris, ils auront à changer des choses. 

Ils pourront aborder la difficulté par une réflexion sur leurs façons de voir, une introspection plus émotionnelle ou un changement dans leurs actions.

1. La pensée

Par exemple, si on commence à aborder les choses au niveau de la pensée, on pourra se réinterroger sur les motifs qui nous poussent à nous obliger à autant de travail. Une majorité de gens responsables étant satisfaits de leurs réalisations tout en se limitant à ce à quoi ils se sont engagés et sans en subir de pénalités, on peut penser que les personnes qui se défoncent au travail ont une perception différente du sens des responsabilités.

La question qui se pose ici est : Pourquoiest-ce que je ne limite pas mes heures de travail à ce à quoi je me suis engagé dans mon contrat de travail, lequel a été accepté par mon employeur? Les réponses à cette question pourront nous amener à nos croyances concernant des conséquences concrètes ou émotionnelles à se limiter. On peut par exemple craindre d’être reprimandé ou exclu de la liste des gens qui pourraient avoir une promotion, ou on peut vouloir être meilleur que les autres, craindre de perdre une certaine admiration, avoir peur de l’autorité ou encore vouloir éviter de se sentir coupable. La question peut aussi se poser ainsi : que se passerait-il, tant concrètement qu’émotionnellement, si je limitais mon investissement à ce que j’ai signé dans mon contrat? On s’aperçoit souvent alors que nos croyances quant à ce qui arriverait ne sont pas fondées. 

2. L’émotion

Ici, deux directions. Une première vise l’histoire de vie : Comment ai-je appris qu’il fallait faire tout ce qu’on nous demande avant d’avoir du temps libre? La seconde voie est celle de l’exploration de l’émotion elle-même. Plutôt que de céder à ce que l’émotion nous invite fortement à faire, on la nomme, on la ressent, on commence à explorer son bien-fondé et, dans le cas où réalise que la croyance qui la sous-tend n’est pas vraiment valide, on risque des comportements plus appropriés, plus en accord avec la réalité. 

3. Le comportement

Une troisième option concerne le changement de comportement. La pensée et l’émotion suivront. Par exemple, si on a une attitude qui nous fait croire que «si personne ne le fait, alors il faut bien que je le fasse», on pourra la mettre à l’épreuve en s’abstenant de prendre la tâche en charge. On verra alors ce qui se passera dans la réalité et les chances sont grandes que ces responsabilités qui tombent habituellement entre deux chaises finissent par être réparties plus équitablement. Et on finira par croire que tout cela ne nous revient pas et à s’en sentir délivré plutôt que coupable. Action, pensée et émotion se retrouveront de nouveau en harmonie.

En conclusion

Retenons que l’idée selon laquelle on souffre davantage de notre façon de voir les choses que des choses elles-mêmes, et prenons le risque de nous attaquer à nos façons de voir, de ressentir et d’agir dans les situations où nos attitudes nous enferment dans des conditionnements menant à de la souffrance inutile.